Retour dans les années 2000. Saint-Florentin dans l’Yonne est une petite ville en déprise, souffrant d’une mauvaise réputation et abritant une population fragile. Cette situation a motivé plusieurs démarches de requalification urbaine, parmi lesquelles un diagnostic sur le centre-ville médiéval. C’est l’opérateur Urbanis qui a été mandaté pour cette étude. « Nous avons alors identifié un certain nombre d’îlots problématiques, et la nécessité d’intervenir sur celui du Courquillon en particulier. Il cumulait vacance des logements, locaux commerciaux inadaptés, nombreuses annexes sans usages et dévalorisantes… mais aussi immobilisme des propriétaires, en incapacité financière d’assumer des travaux » se rappelle Romain Brodard. Pour redonner de la qualité de vie à cet îlot, une requalification s’avérait nécessaire à l’échelle de plusieurs immeubles. Seule une intervention publique volontariste était en mesure de rendre possible ce projet. Nous sommes alors en 2006, le dispositif RHI-THIRORI* n’existe pas encore. 

L’Opah-RU (opération programmée d’amélioration de l’habitat de renouvellement urbain) lancée en 2008 sur le centre-ville n’a fait que confirmer l’état de dégradation de l’îlot Courquillon, les situations de mal logement et la nécessité d’agir. Mais face aux coûts des travaux et du foncier, ni les aides ni les dispositifs cœrcitifs de l’opération programmée ne suffisent. C’est alors qu’en 2010, l’Anah lance la RHI-THIRORI*. « La collectivité était prête pour intervenir et ces nouveaux financements furent l’élément déclencheur. Très vite, les premiers achats d’immeubles ont pu avoir lieu. » Grâce à la grande capacité de persuasion du maire de la ville, ces acquisitions ont pu se faire à l’amiable, étalées sur près de 4 ans. En parallèle, ont été menées les demandes de financement, puis les études de calibrage en 2013. « Une fois le foncier acheté, les immeubles ont été démolis. Ceux dont les pans de bois étaient à conserver ont été désossés. Le cœur d’îlot a été aéré et les distributions repensées. » La contrainte patrimoniale était forte mais la concertation s’est bien déroulée, notamment parce que la ville menait en parallèle l’élaboration de son AVAP**.  Une opération exemplaire aussi du point de vue de sa performance énergétique puisqu’elle a été menée selon les standards BBC (bâtiment basse consommation). 

Dès le début, une conduite de projet dédiée a été créée au sein de la ville, ce qui a permis cette continuité avec l’opérateur Urbanis et tous les acteurs. Lors des études de calibrage, le bailleur Mon Logis s’est positionné pour porter l’opération. Une opportunité salutaire selon Romain Brodard, puisqu’ils ont maintenu leur engagement jusqu’au bout, mais pas seulement. « La ville a choisi de travailler avec un architecte spécialiste du bâti médiéval dès les études de calibrage et il a ensuite été retenu par Mon Logis pour réaliser les travaux. » Une stabilité gage de réussite. Les travaux se sont achevés en 2023, permettant d’offrir à la location 17 logements neufs BBC et 6 commerces, en plein centre-ville.