Partager la page Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur LinkedIn Partager par email Copier dans le presse-papier Précarité énergétique, comment évolue ce phénomène ? Rénovation énergétique Publié le 06/12/2023 Lecture 3 minutes À l’occasion de la journée contre la précarité énergétique en novembre dernier, l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE) a rappelé que de plus en plus de ménages ont froid et rencontrent des difficultés à régler leurs factures énergétiques. Isolde Devalière, cheffe de projet précarité énergétique à l’Ademe, en charge de cet observatoire, revient sur les évolutions du phénomène et les perspectives pour 2024 visant à y pallier. Quel est le rôle de l’Observatoire national de la précarité énergétique ? L’ONPE a été lancé en 2011 pour suivre les indicateurs de la précarité énergétique, animer le débat public et diffuser ses travaux sur le sujet. La France compte 12 millions de personnes dans cette situation, en raison de la mauvaise qualité thermique de leur logement, ou de ressources financières insuffisantes pour faire face aux factures d’énergie. « Grâce à nos 30 partenaires, acteurs du logement, de l’énergie et de la solidarité, nous étudions cette précarité avec un spectre très large, du bâtiment aux mobilités en passant par le confort, la justice climatique ou le règlement des impayés », indique Isolde Devalière, cheffe de projet précarité énergétique à l’Ademe et chargée du pilotage de l’ONPE. L’Observatoire suit notamment deux indicateurs : le taux d’effort énergétique (part des revenus consacrée aux factures d’énergie) et la déclaration du froid ressenti par les ménages. La précarité énergétique frappe aussi en été Depuis 10 ans, le taux d’effort énergétique a légèrement baissé, mais il repart à la hausse ces deux dernières années en raison de la crise du Covid et de la flambée des prix. En 2020, 14 % des Français disaient avoir froid chez eux, ils sont 26 % en 2023. « C’est une source d’inquiétude. Une grande majorité limite sa consommation pour des raisons financières ou à cause d’une mauvaise isolation. Les plus modestes ont de plus en plus de difficultés à payer leur facture malgré la mise en place du bouclier tarifaire », souligne Isolde Devalière. L’ONPE a également soulevé la problématique de la précarité énergétique estivale, quand les passoires thermiques deviennent des « bouilloires thermiques ». En 2023, plus de la moitié des ménages ont déclaré avoir souffert de la chaleur pendant au moins 24 h. « Pour les trois quarts, ce sont les mêmes qui ont souffert du froid, c’est-à-dire les plus modestes », indique l’ONPE. Vers des dynamiques locales au plus près des ménages « La fin du bouclier énergétique conjugué à la hausse du nombre d’interventions des fournisseurs pour impayés sont des motifs d’inquiétude pour les prochains mois », indique Isolde Devalière. Mais la lutte contre la précarité énergétique connaît aussi des avancées. « Nous attendons les nouvelles modalités des aides bonifiées de l’Anah pour la rénovation énergétique globale et la limitation du reste à charge pour les propriétaires les plus modestes ». Les ménages en situation de précarité énergétique se trouvent cependant davantage dans le parc locatif (59,2% sont locataires). Le Pacte des solidarités 2023-2027 prévoit la création de plateformes locales de lutte contre la précarité énergétique, pour détecter et accompagner les ménages, notamment dans leur dialogue avec leur bailleur. « Il faut des dynamiques locales pour lutter efficacement contre la précarité énergétique » estime Isolde Devalière. En chiffres - 11,6 millions de ménages étaient en précarité énergétique selon la dernière enquête nationale logement (2013) - 11,9% des Français les plus modestes ont dépensé plus de 8% de leurs revenus dans leur facture d’énergie (ONPE 2023) - 79 % des consommateurs ont restreint le chauffage pour ne pas avoir de factures trop élevées en 2022 (baromètre énergie-info du Médiateur national de l’énergie) - 63 % des locataires déclarent avoir souffert d'un excès de chaleur dans leur logement pendant 24 h en 2023 (54 % au global, source Fondation Abbé Pierre).