"Les effondrements tragiques de la rue d'Aubagne en 2018 ont constitué un électrochoc et ont conduit à prendre des mesures d'urgence, à commencer par la création de la Spla-in », explique David Ytier, président de la Spla-In et vice-président délégué au logement de la Métropole Aix-Marseille-Provence. 

Depuis 2021, la Spla-in joue un rôle crucial dans le traitement de l'habitat privé dégradé à Marseille, avec une approche innovante et collaborative entre l’ensemble des acteurs impliqués : les collectivités locales (Ville de Marseille, Conseil départemental des Bouches-du-Rhône), l’État et ses opérateurs (Anah, ANRU, EPA Euroméditerranée, EPF PACA, Banque des Territoires…). "Nous avons collectivement défini quatre périmètres d'action prioritaires que nous appelons 'îlots démonstrateurs' et qui concentrent tous un nombre élevé d'immeubles dégradés", indique David Ytier. Ces îlots représentent environ 500 immeubles et 2 500 logements à réhabiliter.

Mais comment agir efficacement pour traiter ces immeubles dégradés, qui ont connu au fil des décennies des subdivisions, des surélévations, des ajouts de construction et de canalisations sauvages ? "Nous avons un levier incitatif par l'accompagnement des propriétaires privés à la réalisation des travaux à partir des aides de l'Anah, complétées par des dispositifs locaux. En cas de mise en danger, un levier coercitif nous permet des acquisitions à l’amiable, des préemptions et des expropriations en vue de réhabilitations lourdes par nos soins et créer une offre majoritairement de logements locatifs sociaux », souligne Franck Caro, directeur général de la Spla-In , qui aménage également des espaces publics de proximité au sein des îlots démonstrateurs.

Chaque immeuble accompagné dans le cadre des Opah-Ru fait l’objet d’un diagnostic complet, d’une hiérarchisation des travaux pour résoudre les problèmes de structure et de réseaux, et d’une rénovation énergétique. « Cette stratégie, qui transcende les clivages institutionnels et politiques, s'appuie sur un effort de solidarité nationale et une ambition partagée des acteurs locaux en matière de lutte contre l'habitat indigne. Nos décisions au sein du Conseil d’administration sont prises à l’unanimité », ajoute David Ytier. 

Après un long travail d’expertise, la Spla-in et le bailleur social Vilogia ont lancé en 2024 le chantier de réhabilitation de quatre premiers immeubles, rue Jean-Roque, frappés d’arrêté de péril en 2018. Ils seront transformés en seize logements sociaux prévus pour être livrés fin 2026. Seize autres immeubles doivent être mis en chantier au cours de l’année 2025 dans l’hyper centre de Marseille.