Les ouvriers effectuent les derniers raccords de peinture. Les échafaudages démontés laissent apparaître des huisseries flambant neuves et une façade lumineuse. A Château-Thierry, la longue bâtisse qui s’étire au 25, avenue de Soisson, n’attend plus que ses premiers locataires et commerces. Cet ancien hôtel-restaurant, à l’abandon depuis plus de dix ans, a été transformé en immeuble d’habitation par un investisseur champenois. Un projet qui n’aurait pas pu aboutir sans le dispositif de l’Opération programmée de l’amélioration de l’habitat et de Rénovation urbaine (Opah-Ru). « Sur 580 000 euros de travaux, j’ai obtenu 218 000 euros de subventions des collectivités et de l’Anah, ainsi qu’un prêt à taux préférentiel. Sans les aides, ce projet n’aurait pas été possible », explique Franck Steck, qui a racheté l’immeuble en 2021. L’opération a été accompagnée par Urbam Conseil, opérateur de l’Anah et de la commune de Château-Thierry, engagée dans une politique de redynamisation du centre ancien. 

Cette sous-préfecture de 15 000 habitants, construite au pied des remparts du château médiéval, connait une forte demande de logements en raison de sa proximité avec Paris (85 km). « Il y a des actifs qui veulent se loger moins cher que dans la capitale. Mais aussi des retraités qui souhaitent se réinstaller en cœur de ville pour les services. Pour leur proposer des logements décents, maîtriser cette croissance sans étendre la ville, il faut rénover l’ancien », explique Blandine Dudemaine, directrice générale adjointe des services en charge de l’aménagement. Confrontée à une diminution de sa population, à une vacance commerciale et locative, la municipalité mène depuis plusieurs années des opérations de réhabilitation avec plusieurs outils. 

« Nous travaillons avec la société d’économie mixte Seda en concession d’aménagement pour rénover sept îlots très dégradés du centre ancien. Ensuite, les subventions liées à l’Opah-Ru nous permettent d’inciter les propriétaires. Enfin, nous agissons dans le cadre d’une opération de restauration immobilière pour obliger les propriétaires à faire des travaux. Ce qui fait la force de nos interventions, c’est la multiplicité des outils à disposition. Et sans les aides de l’Anah, tout ce travail prendrait trois fois plus de temps », indique le maire de Château-Thierry, Sébastien Eugène. 

Dans la Grande Rue, l’une des plus anciennes, un premier îlot a ainsi été rénové pour recevoir des logements plus spacieux, conventionnés, et au rez-de-chaussée une « Maison cœur de ville », qui regroupe tous les services d’aide à la rénovation. Mais réhabiliter un bâti datant du Moyen-Âge, maintes fois remanié et mal entretenu, peut se révéler compliqué. Dans la Grande Rue, un immeuble a dû être évacué pour péril imminent alors que les travaux allaient débuter. « Nous avons dû démolir plusieurs éléments de l’îlot, sortir les gravas à la brouette. Le projet initial doit être revu et la livraison prendra du retard », déplore Blandine Dudemaine. Mais l’édile est optimiste : « On a d’ores et déjà de belles opérations réussies, permettant à des personnes vivant dans des conditions assez difficiles d’accéder à du logement social conventionné. Et ce n’est que le début. »